Deux postes abolis

Municipalité de Saint-Boniface

Les négociations entourant le renouvellement de la convention collective entre la Municipalité de Saint-Boniface et ses employés s'éternisent et les deux résolutions adoptées vendredi soir, en séance extraordinaire, ne risquent pas de rapprocher les parties. Prétextant une réorganisation, les élus ont pris la décision d'abolir deux postes, soulevant ainsi l'ire de la CSN qui leur promet la mère de toutes les batailles.

Mardi, à la surprise générale, le conseil municipal a convoqué une séance extraordinaire pour vendredi soir, une première depuis le début de l'actuel mandat. Les deux points à l'ordre du jour, l'abolition du poste de directeur du service de l'urbanisme et de l'environnement et l'annulation du prolongement du poste de remplacement de secrétaire, avaient beaucoup fait jaser à l'hôtel de ville cette semaine. Au point où la CSN s'est mobilisée un comité d'accueil pour cette assemblée particulière, à laquelle une soixantaine de personnes ont participé.

La séance publique n'a duré qu'une vingtaine de minutes, mais les élus en ont eu pour leur argent. Le maire, Claude Caron, s'est fait copieusement huer après avoir annoncé que Mathieu Pronovost, engagé en juillet 2015 comme directeur du service de l'urbanisme et de l'environnement, avait manifesté «l'intention de quitter son poste» et qu'une «indemnité raisonnable», qui n'a pas été précisée, lui serait versée.

Le maire a immédiatement enchaîné avec la résolution prévoyant l'annulation de la résolution pour le prolongement du poste de remplacement de secrétaire, occupé par Valérie Lehouillier depuis un peu plus de quatre mois. 

Présente dans la salle, la dame paraissait bouleversée par ce revirement de situation. Selon elle, l'employeur lui avait pourtant confirmé, la semaine dernière, une prolongation de contrat de quatre mois. Mardi matin, elle apprenait qu'elle était congédiée. 

Céline Lemay, présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses de la Municipalité de Saint-Boniface (CSN), voulait évidemment profiter de la période de questions pour connaître les raisons de ces décisions. 

M. Caron a expliqué que l'administration procédait à une réorganisation. Le poste de M. Pronovost est ainsi aboli, alors que dans son esprit, Mme Lehouillier répondait à un surplus de travail à la suite d'un congé de maladie, mais que tout était maintenant rentré dans l'ordre.

«Un comité va être créé pour étudier ce dont la Municipalité a réellement besoin», confie le maire, avant de reconnaître que des tâches pourraient éventuellement être confiées en sous-traitance.

Cette suggestion a évidemment piqué les syndiqués.

«Les échos que nous avons entendus pour expliquer cette décision, c'est que le conseil municipal voulait casser le syndicat», avance Yvon Godin, vice-président de la Fédération des employées et employés de services publics. «La CSN regroupe 325 000 travailleurs. Si vous voulez partir en guerre, je peux vous faire une promesse: nous allons aider notre syndicat.»

Le conseiller Louis Lemay s'est chargé de plusieurs répliques au nom de ses collègues au cours de ces échanges. Il a provoqué tout un effet dans l'assistance lorsqu'il a demandé si un seul employé avait déjà été maltraité par la Municipalité. Michel Périgny et Benjamin Brousseau se sont immédiatement levés de leur siège pour se manifester et dans le brouhaha, le maire a décidé de clore la séance.

Joint plus d'une heure après l'assemblée, M. Caron a préféré se donner quelques jours avant de livrer ses commentaires sur la tournure de cette séance. Il considère qu'il ne servait à rien d'engager un dialogue dans ce contexte.

«Ils ont donné leur show; ils doivent être bien contents», a-t-il laconiquement commenté.

Audition prévue

Bianca Bigras, conseillère syndicale à la CSN, précise que le Tribunal administratif du travail devait entendre les parties le 22 septembre au sujet d'une requête du syndicat pour intégrer les tâches du directeur du service de l'urbanisme et de l'environnement à son accréditation. Mardi, la Municipalité a demandé une remise.

«J'ai répondu non», raconte Mme Bigras. «Ça faisait deux mois qu'on était convoqué. Le jour même, on apprend que le poste sera aboli en séance extraordinaire, un vendredi soir à 19 h, six jours avant l'audition. Pour nous, ça soulève de gros doutes antisyndicaux et un irrespect envers M. Pronovost.»

La conseillère syndicale assure que des griefs seront déposés pour contester ces résolutions et que d'autres «recours juridiques appropriés» seront analysés.

Cette unité est formée de 12 syndiqués et de quatre employés occasionnels. Elle est sans contrat de travail depuis le 1er janvier 2014. Le principal point en litige touche l'horaire. Les syndiqués travaillent actuellement sur quatre jours. L'employeur souhaiterait ouvrir ses bureaux le vendredi, mais Mme Lemay maintient que cette demande ne répond à aucun besoin.

Source: Guy Veillette, Le Nouvelliste