« Pas question pour nous de nier les difficultés auxquelles font face nos régimes de retraite privés et public. Mais nous résisterons au rouleau compresseur en marche pour tenter de les réduire sans cesse. On voit se dessiner de plus en plus des solutions qui refileraient le problème aux individus. Quant à nous, cela ne peut être une avenue à emprunter, argue le président de la CSN, Louis Roy. Les solutions ne peuvent qu'être collectives et complémentaires : accroître les bénéfices des régimes publics, instaurer des régimes obligatoires d'entreprise, laisser les parties négociantes résoudre les problèmes de leur régime. Les régimes à cotisations déterminées ou les REER individuels ne sont certainement pas la clé. Ces outils ne peuvent nous permettre d'atteindre réellement des revenus décents et garantis à la retraite. »
Sortir d'une vision à court terme
Les régimes à prestations déterminées sont les seuls qui peuvent garantir le montant de la rente à la retraite. Voilà pourquoi ils sont si intéressants. Certes, ils traversent une crise. Mais, dans de nombreuses entreprises, les parties ont démontré qu'elles étaient capables de faire face à la musique et de partager une partie des risques. Dans certains cas, les syndicats ont accepté des hausses de cotisation ou une réduction temporaire des bénéfices, ou encore le partage du coût du service courant.
« De plus, on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier, que ce soit dans les municipalités ou dans d'autres entreprises. Certaines rencontrent des difficultés, d'autres pas. Le régime sectoriel des municipaux auquel certains syndicats de la CSN participent est en bonne situation financière. C'est un régime de type rente à prestations déterminées avec une rente égale à 1,5 % du salaire final. Ce régime, où la CSN est un partenaire important, regroupe de petites municipalités. Au 31 décembre 2010, sa solvabilité était de 92 %, sa capitalisation de 102 %. Les cotisations étaient de 5,75 % pour l'employeur et de 5,5 % pour les salariés. On y dénombrait 971 participantes et participants actifs rattachés à 72 employeurs.
La CSN propose effectivement l'instauration de régimes sectoriels. Il est très difficile, voire impossible, pour de petites entreprises de mettre en place un régime de retraite pour ses employés compte tenu des coûts que cela comporte. « Les centres de la petite enfance ont aussi fait la démonstration qu'avec la création d'un régime sectoriel, on brisait ce paradoxe. Pas moins de 50 000 travailleuses ont maintenant accès à un régime de retraite. Plusieurs secteurs d'activité auraient intérêt à s'inspirer de ces exemples », soutient Louis Roy.
Cessons de travailler en silo
Les problèmes liés aux régimes de retraite privés et public sont connus depuis longtemps. « Nous n'en sommes plus à l'heure du diagnostic. Les constats sont faits, mais il n'y aura de solutions viables que si tous les partenaires sont mis à contribution. Ce n'est pas vrai que l'on peut débattre et décider de l'avenir des régimes de retraite sans que les principaux acteurs concernés y soient associés. Nous réitérons notre demande au gouvernement du Québec d'instituer un comité tripartite ayant pour objectif de consolider l'ensemble des revenus des Québécois et des Québécoises à la retraite », de conclure le président de la CSN.
La CSN, fondée en 1921, regroupe 300 000 membres répartis dans les secteurs privé et public.
Source : CSN