Les conductrices et conducteurs de la région des Laurentides dénoncent des lacunes criantes en matière de sécurité dans le transport scolaire

Les conducteurs et conductrices de la région des Laurentides se font unanimes pour dénoncer l’actuelle gestion disciplinaire des commissions scolaires de la région. Ils leur reprochent leur inaction malgré les innombrables rapports qu’ils ont faits dans plusieurs cas concernant des gestes déplorables posés par des élèves lors du transport.

Unanimement, les conducteurs et conductrices ont déploré aujourd’hui, dans le cadre d’une conférence de presse, le fait que les commissions scolaires ne considèrent pas la sécurité des élèves comme une priorité. Le président du Syndicat des travailleurs et travailleuses de Transcobec (CSN), Yves Richer, a déclaré : « Les commissions scolaires de la région étaient autrefois beaucoup plus impliquées, nous sommes dorénavant à même de constater que celles-ci ont décidé d’ignorer et de déléguer les problèmes de discipline lors des parcours scolaires. »

M. Richer a ajouté : « Nous sommes conscients que le secteur de l’éducation vit de profonds chamboulements à cause des mesures d’austérité. Cependant, il est de notre humble avis que la sécurité routière est une matière non négociable, surtout lorsque cela concerne les enfants qui façonneront l’avenir de notre société. »

De son côté, le président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Autobus La Diligence de Sainte-Adèle (CSN), Jacques Forgues, a expliqué: « Une fraction d’inattention peut engendrer des conséquences dramatiques pour les élèves et la personne conductrice, mais également pour les autres usagers de la route. Un-e conducteur-trice doit donc constamment vérifier une pluralité de facteurs pour évaluer les risques reliés à son travail (rétroviseurs, angles de passage multiples, alignement de la route, conditions climatiques, vitesse) et évidemment, les élèves. Il peut parfois être difficile de conjuguer la discipline des enfants simultanément avec la conduite. »

Multipliant les exemples où la concentration des conductrices et conducteurs a pu être gravement affectée, de son côté, le président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Autobus La Diligence de Sainte-Agathe, Michel Desroches, a renchérit en indiquant qu’un mécanisme d’avertissements, de rapports aux directions d’écoles et de conséquences existe bel et bien, mais que le problème semble résider dans le fait que les directions de tous les niveaux ne respectent pas l’application de celui-ci par laxisme ou peut-être par peur du mécontentement des parents.

Il a expliqué : « Le secteur scolaire a élaboré une formation de gestion de la discipline dans les véhicules scolaires pour les conducteur-trices, a déterminé des règlements et a mis en place une procédure d’application des mesures disciplinaires. Donc, l’approche qu’on tente d’inculquer remet l’entièreté de la responsabilité de la gestion de la discipline entre les mains des travailleurs sans leur donner de réel pouvoir d’intervention efficace. Mais toutes ces procédures servent-elles à régler les problèmes de gestion de discipline à l’occasion du transport scolaire ou à déléguer une responsabilité sans se préoccuper des conséquences? »

M.Desroches a ajouté que face à cette gestion déficiente de la discipline, la quasi-totalité de cette responsabilité incombe depuis peu aux conducteur-trices qui n’obtiennent malheureusement pas le support nécessaire pour réaliser leurs trajets en toute sécurité. Il est totalement irresponsable, dit-il, d’octroyer des formations de gestion de la discipline dans les véhicules scolaires aux travailleurs sans même impliquer leur expertise dans un projet global de changement. «  Même si leurs intentions sont louables, la réalité est parfois bien loin des conclusions théoriques fignolées par nos grands réformistes de l’éducation. D’ailleurs, de nombreux conducteur-trices ayant mis terme à des actes intolérables en intervenant directement se sont vu réprimandés, voire renvoyés. De peur d’être ainsi traités, ils préfèrent majoritairement endurer et fermer les yeux pendant que les enfants sont laissés à eux-mêmes dans une jungle où tout est permis. »

Ce climat, ajoute M. Desroches, favorise une recrudescence d’actes d’intimidation et de violence, mais provoque d’autant plus une hausse marquée de la détresse psychologique chez les conducteur-trices, ce qui n’aide en rien la bonne conduite d’un véhicule scolaire.

Pour sa part, la présidente du Conseil central des Laurentides, Louise Jetté, a indiqué que le problème de gestion de la discipline lors du transport scolaire n’est peut-être pas circonscrit aux commissions scolaires de la région des Laurentides, mais qu’il existe d’autres régions où les établissements qui fonctionnent avec ce modèle obtiennent de bien meilleurs résultats. Leur secret, précise-t-elle, réside dans l’application directe et immédiate de la procédure disciplinaire telle qu’elle est prescrite.

Madame Jetté conclut : « Chose certaine, l’année scolaire a été insupportable pour plusieurs conducteur-trices et le laxisme dont ont fait preuve les commissions scolaires et les écoles ne saurait être toléré davantage. L’année scolaire viendra bientôt à terme, mais un point de rupture a été atteint et, l’an prochain, les travailleurs seront prêts à manifester leur mécontentement avec le soutien de la CSN et du Conseil central des Laurentides et prendront les moyens que cela implique pour établir une situation sécuritaire pour tous. »

Étaient également présents à la conférence de presse des représentants du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Autobus La Diligence de Sainte-Marguerite (CSN), du Syndicat du transport scolaire de Saint-Hippolyte (CSN), du Syndicat des travailleurs et travailleuses des autobus Renaud (CSN), des conductrices et conducteurs d’autobus scolaire, de même que des parents qui ont uni leur voix pour lancer un cri d’alarme.

Source: CSN Laurentides